Les Enfants-Héros de la Révolution Française
Bara et Viala
Lorsqu'en 1793 éclate dans le Midi une insurrection fédéraliste, les royalistes s'alliant aux Fédéralistes, prennent le contrôle de Toulon et de Marseille. Face au soulèvement, les soldats de la Première République française sont obligés de se replier en Avignon, abandonnant Nîmes, Aix, Arles, aux insurgés provençaux qui se dirigent vers Lyon.
Situation de la France en 1793, "La République n'est plus qu'une grande ville assiégée"
Espérant briser la Convention et mettre un terme à la Révolution, début juillet 1793, le bataillon de volontaires républicains d’Avignon se réunit pour interdire le franchissement de la Durance.
Bac sur la Durance.
Sous le commandement d'Agricol Moureau, Jacobin avignonnais, « fondateur » du département du Vaucluse en juin 1793, son neveu Joseph-Agricole Viala 1778/1793 est à 15ans commandant de l'« Espérance de la Patrie », la garde nationale des jeunes Avignonnais.
Viala commandant de l'"Espérance de la Patrie"
En infériorité numérique, les républicains décident de couper les cordages du bac de Bonpas, mais il faut traverser une chaussée entièrement exposée aux mousquets rebelle. C'est alors que Viala s'emparant d'une hache s'élance vers le câble. Immédiatement, plusieurs décharges de mousquet sont dirigées contre lui.
Atteint d'une balle, mortellement blessé, si cela n'empêche pas les insurgés de passer la Durance, toutefois, elle permet aux républicains d'organiser une retraite, sans pouvoir emmener le corps de l'enfant qui n'est pas retrouvé.
Depuis le début de la Révolution, Robespierre est informé de l'insurrection des Marseillais, en apprenant la tragique affaire de Bonpas du 8 juillet 1793, que lui rapporte Agricol Moureau, il s'exclame lors du débat à la Constituante sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.« La cause d’Avignon est la cause de l’univers »
François Joseph Bara, ou Barra, par Michel Alix.
9ém d'une fratrie dix enfants, Joseph 1779/1793 est le fils d'un garde-chasse du prince de Condé, seigneur de Palaiseau. Le père, décédé en 1784, laisse la famille Bara indigente.
Des 3 garçons, ses deux frères plus âgés sont déjà au combat
À l'automne 1792 l'adolescent est admis dans la division de Bressuire, commandée par l'adjudant-général Jean-Baptiste Desmarres, qui, au service des Condés, a pris sous sa protection le jeune Bara.
Bara par Jean-Joseph Weert, en uniforme de Hussard, 1882
À cette époque, les armées comptent beaucoup d'enfants, suppléant militaire, ils exécutent diverses tâches, pas forcément combattantes.
C'est à partir de Bressuire que Desmarres combat les Vendéens aux ordres du généralissime vendéen Jacques Cathelineau
Jacques Cathelineau 1759/1793 par Girodet
Dans la division de Bressuire de l'armée de l'Est Joseph Bara est charretier d'artillerie, c'est-à-dire qu'il conduit les chevaux attelés à une piéce d'artillerie.
Occupant Jallais, près de Collet, la troupe de Desmarres est surprise par les Vendéens le 7 décembre 1793. C'est au cours de cette escarmouche que Barra menant deux chevaux par la bride est attaqué par les Vendéens.
Bara par Jean-Joseph Weerts, 1883
A l'injonction des rebelles de crier " Vive le Roi" il répond " Vive la république" frappé au front, dans la mêlée, il tombe et meurt en pressant la cocarde tricolore sur son cœur.
Bara attaqué par les vendéens pour lui voler ses chevaux.Mais du point de vue Vendéen, ils ont arrété un voleur de chevaux...
Profondément affecté par la mort du jeune garçon de 14ans, Desmarres sollicite la Convention pour secourir la famille très pauvre de Bara, engagé volontaire au 8e de hussards pour avoir partagé toutes les fatigues, tous les dangers de la guerre et combattu en héros. Après lecture et commentaire par Barère de la lettre de Desmarres,
la Convention accorde une pension à la mère de Bara. Ému par l'acte de bravoure, Robespierre s'exclame :
« Les Français seuls ont des héros de treize ans ». Et proposant d'ériger Bara en modèle d'héroïsme, de patriotisme et de piété filiale, demande sa panthéonisation.
C'est le début de l'héroïsation de Bara À replacer dans le contexte politique de fin 1793.
Robespierre poursuit un triple objectif : reprendre en main les cultes populaires rendus par les sans-culottes aux martyrs de la liberté, se poser en gardien de la doctrine de la Révolution et sortir du scandale politico-financier de la liquidation de la Compagnie des Indes. Pour cela il engage les artistes à célébrer le courage et la vaillance.
Marie-Joseph Chénier, compose en1794, Le Chant du départ,
" De Bara, de Viala le sort nous fait envie. Ils sont morts, mais ils ont vécu..."
a suivre...