Narcisse 3éme partie
L’iconographie d’un mythe
C'est avec ce très beau tableau d'Alphonse Gaudarde la Verdine présenté en 1801 que nous abordons ce très riche XIXém siècle.
Dans une nudité bucolique, Narcisse tend son pied à l'onde mystérieuse, un rameau dissimule ce que tente de voir Écho caché dans le feuillage.
Avec une chevelure similaire, Gaudarde la Verdine suggère la gémellité de Narcisse de la variante de Pausanias, cette sœur qu'il croit reconnaitre dans le reflet,
Alphonse Gaudarde la Verdine 1780/1804, Narcisse et Echo
Du burin de Sébastien Caldelari, né en 1814, Narcisse se mirant dans l’eau.
Dans le même temps, Jean-Pierre Cortot taille dans le marbre ce charmant Narcisse et Karl Pavlovich Bryullov fait naitre de sa palette un Narcisse à la posture semblable
Jean-Pierre Cortot1787/1843 Narcisse 1818 - Karl PavlovichBryullov1799/1852, Narcissus1819.
Par contre l'Allemand J.H.Wilhelm Tischbein dépeint un homme qui n'est plus tout à fait le jeune chasseur du mythe.
Quand dans la même posture, John Gibson expose un adolescent par encore jeune homme.
John Gibson 1790/1866, Narcisse 1830
Au milieu de ce XIXém, Victor-Henry Juglar abandonne la première partie du mythe pour ne se consacrer qu'à son épilogue, la mort du héros. S'il n'y avait eu cet entre-jambe, avec cette chevelure rousse assez déroutante, ce ne serait pas Narcisse, mais sa sœur putative qui nous serait donné de voir.
L'environnement à peine esquissée concentre le regard sur la pâle figure qui rejoint les limbes.
Cette représentation en préfigure beaucoup d'autre et notamment celle du sculpteur Parisien Eugéne-Ernest Liolle. Grand prix de Rome en 1862. Superbe marbre grandeur nature, dernier envoi fait lors de son séjour à Rome 1863/68
Eugéne-Ernest Liolle 1834/1886
L'œuvre tout en délicatesse suggère un jeune homme prêt à sombrer, se tenant aux feuillages qui sont comme autant de tentacules pour l'entrainer.
C'est aussi le feuillage encerclant une fontaine que choisi de peindre Gustave Moreau. Ces lianes fleuries semblent prêtent à tirer le jeune adolescent dans les eaux profondes ou se cache l'impossible rêve
C'est aussi la mort qu'évoque Edouard Téophile Blanchard. Le beau jeune homme auréolé par Écho, parais ne plus être de ce monde dans le contraste des peaux blémes a une nature sombre, presque énigmatique.
Edouard Téophile Blanchard 1844/1879, Narcisse et Écho vers 1870
En cette fin de siécle, Paul Dubois installe un Narcisse debout dans l'Aile nord du musée du Louvre.
Paul Dubois 1829/1905
Dans une nudité héroïque classique en léger contraposto, Narcisse se défait de sa chlamyde pour retrouver l'image qui le hante.
À Naples, Vincenzo Gemito s'inspire d'une statuette de Dionysos - Narcisse, Ier siècle ap. J.-C. Museo Archeologico Nazionale di Napoli pour réaliser ce bronze quasiment hermaphrodite. Un sexe et des seins parfaitement dessiné jettent le trouble.
Vincenzo Gemito(1852-1929). Narcisse, 1886
Dionysos - Narcisse, Ier siècle ap. J.-C.
Le dessin de Gustave Courtois de 1876/77 a t'il influencé Aimé Blaise, pour sa Mort de Narcisse en 1906 ?
Aimé Blaise, Mort de Narcisse, 1906
C'est un très jeune adolescent que ces deux artistes ont choisi comme modèle du mythe.
Avec l'esquisse préparatoire, Gustave Courtois réalise cet éphèbe gracile qui s'abandonne dans la contemplation de son reflet. L'ornementation de sa chlamyde, les sandales nouées d'un ruban et sur ses reins ce bandeau pour retenir son ample chevelure indique qu'il est fils d'un patricien aisé.
Gustave Courtois, Narcisse 1876/77
Que l'on peut comparer avec cette petite terre cuite d'Henri J-F. Triquetti.
Henri J-F. Triquetti 1803/1874, terre cuite Narcisse mort 1892.
A Neuilly-sur-Seine, on peut voir cette statue grandeur nature en Grès d'un Narcisse couché sur le ventre, cherchant son reflet.
Alexandre Charpentier 1856/1909, Narcisse vers 1896, a comparer avec ce marbre de 1904,
Ch.L.Malric 1872/1942, qui peut se voir dans le parc de la Mairie de Choisy-le-Roi,
Ludwig von Hofmann a représenté plusieurs fois Narcisse, mais dans cette version du musée National de Varsovie. Narcisse nu, sans aucun de ses attributs; semble prêt à plonger sous le regard d'une Écho flamboyante.
Symboliquement, le cheveu roux est associé à la force, à la vigueur, c'est la couleur du feu, d'un tempérament passionné. Mais Chez les Grecs anciens, être roux est un signe de fragilité, conséquence d’une maladie ou d'une brutalité.
Ludwig vonHofmann, 1861/1945, Narcissus1890
Encore un très jeune adolescent pour Louis Prost, qui voit La mort de Narcisse dans un abandon hors de l'eau qui devait lui être salvatrice.
Louis Prost1876/1935, La mort de Narcisse 1906.
Le musé de Poitiers possède cette interprétation de L.Oble, dont on ne sait rien de ce peintre qui pourtant avec cette posture en arc réussit à donner tout son sens au mythe, bien que l'on puisse regretter quelque faiblesse dans le trait.
L. Oble, Narcisse 1894, Le bras au-dessus de la tête, l'autre étendu fait penser à Endymion endormi de Girodet.
Girodet, Endymion endormi, 1791
Enfin, ne passons pas sous silence les interprétations contemporaine comme celles de la photographe Laure Albin Guillot, de Miguel Fernando López et du couple Pierre & Gilles.
Laure Albin Guillot, 1879/1962 « La Cantate de Narcisse » Paul Valérie 1942
Miguel Fernando López(Milo) born.1955, Jeune Narcisse nu.
Mathieu Charneau, pour Pierre & Gilles 2012
Pour clore cette longue rétrospective des œuvres consacrées à Narcisse, celle-ci dont je n'ai pas réussi à retrouver l'auteur. D'une facture probable XVIIIem, un blond et jeune Narcisse, arbore un ruban bleu aux cheveux. Bleu aussi son carquois bien pourvus, le jeune chasseur pose sur une belle et riche chlamyde sous le regard d'un chien, un rien dubitatif sur les événements.
Merci pour votre visite et le commentaire que vous voudrez bien laisser en gratification.