La Petite Boutique N°4

Débutons cette 4éme vitrine de la Petite Boutique avec Jan Gossaert 1478/1532 peintre francophone des Pays-Bas,connu sous le nom de Jan Mabuse (nom adopté de sa ville natale, Maubeuge)

L'un des premiers de la peinture hollandaise et flamande de la Renaissance à visiter l'Italie et Rome en 1508/09 Gossaert devient chef de file du Romanisme, en important dans l’Europe du nord des éléments de la peinture de la Renaissance italienne. Il peint des sujets religieux, de grands retables, des portraits et des sujets mythologiques, dont ici quelques exemples :

❀ Neptune et Amphitrite, 1516, Staatliche Museum Berlin

Fille de Doris et Nérée, Amphitrite conduit le chœur de ses sœurs les Néréides. Neptune l’aime, mais elle se refuse par pudeur en se cachant dans les profondeurs de l’Océan. Retrouvée par les Dauphins, elle est ramenée en grand cortège à Neptune qui en l’épousant lui donne trois enfants dont le plus célèbre, Triton.

Pour rester dans son sujet et satisfaire les pudeurs de l'époque, Gossaert affuble Neptune d'un coquillage qui en devient érotique par sa proéminence et la présence des bourses qui l'encadre.

❀ La Métamorphose d'Hermaphrodite et Salmacis, vers 1517, musée Boijmans Van Beuningen.

 Alors qu'Hermaphrodite, réputé exceptionnellement beau, se baigne dans une source de Carie, Salmacis, nymphe de la source, saisie par sa beauté, lui déclare sa passion et ne pouvant se contenir, étreint le beau jeune homme, implorant les dieux qu'ils ne soient jamais séparé. Exaucée, ils ne forment plus qu'un seul être, bisexué, à la fois mâle et femelle

L'Hermaphrodite debout et l' Hermaphrodite au miroir, musée du Louvre.

❀ Hercule et Déjanire, 1517, Barber Institute Birmingham

Hercule épousa en premières noces Megara, fille de Créon, roi de Thèbes. Dans une de ses crises de folie habituelles, Hercule tue sa femme Megara et ses trois fils. Après avoir accompli les 12 travaux nécessaires à sa purification, il voulut épouser Déjanire, fille du roiOenée de Calydon. Mais celle-ci est aussi convoitée par le dieu-fleuve Achéloos. S'ensuit entre les prétendants une lutte dans laquelle Achéloos prend l’aspect d’un serpent monstrueux, puis d’un taureau, mais il est vaincu quand Hercule lui arrache une de ses cornes.

Statue d'Hercule, Empire romain; vers l'an 125. J.Paul Getty Museum.

❀ Adam et Eve, 1520, Collection royale au château de Windsor.

Cette composition de Gossaert, la plus grande de ses nombreux tableaux d'Adam et Eve, avec des figures presque grandeur nature a été critiqué à cause de la fontaine que l'on entrevoie dans le paysage.

S'affranchissant des codes habituels au sujet, Gossaer, s'il représente les Arbres de la Vie et de la Connaissance du Bien et du Mal, délaisse les somptueux détails d'un paradis imaginaire et l'exubérance florale peuplé d'animaux exotiques qui sont absents ici.

Jan Brueghel l'Ancien et Peter Paul Rubens, Le jardin d'Eden avec la chute de l'homme. Mauritshuis, La Haye 

Mais, ce qui le distingue pour cette époque, c'est de représenter Adam et Eve au moment où ils ont mangé le fruit défendu. Eve tient une pomme mordue tandis qu'enlacés, ils semblent être conscients de leur désobéissance, honteux, mais acceptant la sentence sous l'œil du serpent tentateur enroulé autour de la branche au-dessus d'eux.

 C'est pourquoi la fontaine qui semble incongrue est le symbole du paradis perdu. Chassés,  Adam et Eve deviennent de simples humains.

❀ Vénus et cupidon, 1521, Musées Royaux des B-A Brussels

D'après Platon, Cupidon pour les Romains ou Eros pour les Grecs, est né des amours de Mars et de Vénus,. Dès qu'il eut vu le jour, Jupiter, qui connut à sa physionomie tous les troubles qu'il causerait, voulut obliger Vénus à s'en défaire. Pour le dérober à la colère de Jupiter, elle le cacha dans les bois. En grandissant, l'enfant apprend à manier l'arc, s'en fit un de frêne et du cyprès, se taille des flèches, s'exerçant sur les animaux les coups qu'il destinait aux hommes.

Gossaert représente un Cupidon renfrogné assez éloigné de la sérénité de celui d'Il Sodoma de la même époque 

Cupidon, 1510, Giovanni Antonio Bazzi, dit Il Sodoma.1477/1549

❀ Frise avec héphebes, Reflexion hellenique, Giulio Aristide Sartorio 1860/1932

Cette huile sur toile de 1,70x1,50 Exposé en 1926 a la Gallerie d'Arte Michelazzi de Trieste, reprend des éléments d'études qu’avait faites Sartorio pour la frise du Parlement Italien en 1908/12 avec ce garçon dans une attitude encore plus arqué, sur la pointe des pieds, brandissant bien haut un vase duquel s’échappe un serpent.

Les deux enfants de droite, lui ont été inspirés par des photos de Lidia sa fille, s’amusant avec des branches de laurier rose,

Évocation symbolique de Sartorio, entre la Villa Horti Galateae et la Plage de Fregéne. 

Les éphèbes nus au centre rappellent par leur allure harmonieuse et fluide les garçons dansant de la frise peinte pour la Sala del Lazio (à la Biennale de Venise de 1903.

 Vocabulaire d’une iconographie délicate et personnelle, entre l'apollinien et le dionysiaque, clin d’œil à la frise du Parthénon que le jeune Sartorio avait étudié au British Museum lors de son voyage à Londres.

 Dont on retrouve l’inspiration dans la draperie bleue tourbillonnante sur la jambe d’un garçon. Draperie présente aussi dans Sagra and Risveglio, 1908-1923.

❀ Two Carthusian monks singing, 1865, signé A.Robert

Les deux moines chartreux sont vraisemblablement ceux de la Chartreuse de la Valsainte, à Cerniat en Suisse, fondée en 1295. 

L'ordre des Chartreux, appelé aussi Ordre cartusien, est un ordre religieux contemplatif ayant fait le choix d'une vie spirituelle dans la solitude et le recueillement. Cet ordre, un des plus austères, observe une clôture perpétuelle, un silence presque absolu, de fréquents jeûnes et l'abstinence complète de viande. 

La signature A.Robert est interprété pour Alexandre Robert un peintre belge, mais correspond mieux a Auréle Robert 1805/1871 un peintre suisse qui a séjourné a plusieurs reprise a Venises.

Suisse il est donc plus succeptible de connaitre les Chartreux qu'Alexandre Robert.

Auréle Robert dépeint un moine du cloitre qui est prêtres ou appelés à le devenir, enseignant le chant grégorien à un frère conver. Lequel n'est pas soumis à la Règle majeure de l'Ordre, mais à un règlement mineur, assurant les tâches matérielles permettant à la communauté de subvenir à ses besoins. 

Toutefois, cette proximité ambiguë ne correspond pas aux usages de l'ordre. L'essentiel de la vie du Chartreux se passe dans l'espace clos de la cellule individuelle qui est sa joie, sa croix et son chemin. 

Cette interprétation pourrait avoir été inspirée par une étude de Jacopo Pontormo de 1525.

Cependant, ici le jeune frère convert est derrière le moine du cloitre.

Sur le même thème et dans une composition similaire de la même époque a été vendu en 2022 par l'Hôtel de Ventes Horta à Bruxelles, un tableau daté signé A. Robeih, L'apprentissage du chant, 1878.

Il est donc possible que la signature A.Robert soit une interprétation de A.Robeih...A moins que cela ne soit le contraire...A.Robeih n'étant pas référencé.

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Voici trois tableaux de Charles Meynier 1768/1832 peintre d'histoire, dessinateur magistral, recherchant dans les sources classiques les épisodes rarement illustrés qu'il aborde brillamment. Son œuvre reflète une grande culture, solidement établie dans l'étude de l'Antique, étayée par une connaissance littéraire peu commune, que confirme l'importance de sa bibliothèque et de sa collection d'estampes. 

❀ L'Amour adolescent pleurant sur le portrait de Psyché qu'il a perdue, 1792, Charles Meynier, Musée des Beaux-Arts de Quimper. 

Cette grande toile marque la première participation de Meynier au Salon, de 1795, représentant, la douleur de l'absence : l'Amour a délaissé Psyché quand celle-ci, reniant sa parole, n'a pu résister au désir de voir son amant divin, qu'elle ne connaît pas, pendant son sommeil. 

Le jeune modèle de Meynier est inspiré de l'Endymion de Girodet, exécuté en 1791, alors que les deux jeunes gens étaient condisciples à l'Académie de France à Rome.

Endymion. Effet de lune, dit aussi Le Sommeil d'Endymion, 1791, Girodet.

Meynier représente dans une pose alanguie, l'Amour androgyne aux longues jambes fuselées, scène nocturne éclairée par un rayon de lune, Chevelure bouclée tombant sur les épaules, la grâce adolescente équivoque n'est pas sans rappeler La Mort de Bara que David exécuta en 1794.

❀ L'amour est le même pour tous, 1795 , Charles Meynier

 "Amor omnibus idem" écrit Virgile dans les Géorgiques, ou "l'amour est le même pourtous »". La célèbre phrase figure sur l'archipendule que tient le dieu de l'amour. En dessous, sur la stèle sépulcral, figure une autre citation latine « égalitaire » des Odes d'Horace: « Pallida mors aequopulsat pede pauperum tabernas regumque turres », La mort pâle frappe du même pied sur les masures des pauvres et sur les tours des rois. Cet tableau, non signé attribué à Charles Meynier, est conservé au Rhode Island School of Design Museum. 

❀ La Sagesse préservant l’Adolescence des traits de l’Amour, 1810, Charles Meynier, Musée des Beaux-Arts du Canada 

 Exécutée en 1810 pour le comte Giovanni Battista Sommariva, ce tableau fait figure d’exception. Œuvre allégorique monumentale de 2,42x2,06m, acquise par le musée d'Ottawa en 2015 provenant de la collection Rudolf Noureev dispersée en 1995.

Meynier met en scène un adolescent entouré des choix allégoriques de l'existence : Vénus à ses pieds représente les vains plaisirs de l'existence tandis que Minerve, à son flanc, symbolise une vie vertueuse de combat. Thème particulièrement représentatif de l'époque napoléonienne où sont valorisés vertu militaire et service de l'État. Le tableau sera présenté pour la première fois au Salon de Paris de 1810.

❀ Le rêve d'Eros, 1870, Jules-Louis Machard 1839/1900

Cette trés grande toile d'1,93m x 1,21m a été probablement exécuté a Rome vers 1870 alors que Machard termine son séjour a la Villa Médicis. Provenant d'une vente Sotheby's de 1995, l'œuvre est actuellement en vente 22 100€ par une galerie new yorkaise. La forme de la toile suggère une commande privée pour un emplacement précis.

❀ Homme aux lapins, 2014, Hongtao Huang né en 1983, vit et travaile en Chine.

Plusieurs poètes ont valorisés le rôle des animaux dans la genèse du chant d’Orphée. Comme Apollinaire, qui, se souvient de la légende 

« Quand Orphée jouait en chantant, les animaux sauvages eux-mêmes venaient écouter son cantique..."

 Guillaume Apollinaire, Le Bestiaire ou cortège d’Orphée, 1911. 

https://mediterranees.net/mythes/orphee/bestiaire.html

Ici la version de 1890 de George de FOREST BRUSH 1855/1941 au Museum of Fine Arts, Boston.

Hongtao Huang réalise un "Copycat" de l'Orphée de Forest Brush, aussi bien dans l'attitude que dans la reproduction de la lyre. Un copycat est un imitateur commettant une infraction à la manière d'un autre criminel, que celui-ci soit réel ou fictif. S'agissant de Hongtao Huang et de Forest Brush, le seul crime de l'un et de l'autre, c'est d'avoir du talent !

❀ Pégase, 1889, Walter Crane, 1845/1915

Pour cette œuvre carrée de 71x71cm un crayon, aquarelle et gouache sur papier vergé monté sur châssis, W.Crane représente Persée et Pégase dans une composition particuliérement dynamique. 

La pose arquée de Persée nu, marchant à grands pas, drapé dans un voile gonflé, est prolongé par les ailes aux couleurs du Ara, d'un Pégase aux narines frémissantes. Piaffant d'impatience, l'œil fou, dressé sur ses pattes arrière. Au cheval ailé divin, généralement blanc, Crane préfère cet Alezan fougeux, aux poils fauves.

W.Crane a repris ce thème d'une affiche de 1888, pour la Scottish Widows 'Fund Life Assurance Society.

 Il en fait aussi des illustrations de Bellerophon pour A Wonder Book for Girls & Boys en 1892.

❀ Figure de Ganymède,1810, Jean-Pierre Granger, 1779/1840

Créé à Rome et exposé au Salon des Artistes Vivants de 1812 sous le n° 434, l'œuvre a été acheté au Salon par l'état. La propriété ne sera transférée au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux qu'en 2012.

Granger est également l'auteur en 1816 d'Apollo et Cyparisse, alors qu'il est encore a l'Académie de France à Rome.

Présenté au Salon des Artistes Vivants de 1817 sous le n° 384, le tableau appartenant a Gian Battista Sommariva 1762/1826, conservé à Leipzig au Museum der bildenden Künste, décrit Apollon soutenant Cyparisse venant d'être touché par le disque qu'avait lancé Apollon. Détourné de sa trajectoire par Zéphyr jalousant cette amitié, le disque blesse mortellement Cyparisse.

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