David et Goliath, le mythe vu par les peintres. 2éme Partie
C'est avec Caravage 1571/1610 que commence cette rétrospective, avec son David de 1599 qui s'apprête à saisir la tête décapitée du Philistin, le géant Goliath.
Guido Reni 1575/1642 surnommé "le guide" car son atelier attirant les jeunes peintres, l’avoir eu pour maître assure d’emblée un prestige considérable. La commande du banquier génois Ottavio Costa présente en 1605 un David a la nudité voilée portant un chapeau à plume.
À Florence, un beau garçon portant un chapeau emplumé est un signe de gratification potentielle, qui attire l'attention des hommes. S'ils réussissent à le leur ravir et refusent de le rendre c'est qu'ils attendent de l'adolescent qu'il succombe à leurs avances.
Plusieurs peintres affublent David d'un chapeau. La plume devenant un symbole phallique évident dans ce contexte, elle est comme la queue d'un chien ou d'un chat affirmation de force de virilité ou de soumission, selon quelle se drésse ou non. Comme chez Battistello Caracciolo 1575/1635 en 1612
ou Domenico Fetti 1589/1623 qui en 1614/15 affiche l'arrogance de son modèle.
Tandis q'Ottavio Vannini 1585/1643 nous propose à la même époque un David serein revenant du combat.
Celui d'Orazio Gentileschi 1563/1639 plus âgé semble dubitatif, exprimant une question muette " C'était donc possible" 1615/20
Par contre, en 1616,Rubens 1577/1640 exprime toute la rage de l'homme qui s'apprête à décapiter le géant.
Alors que l'année suivante, le jeune homme de Tanzio da Varallo 1575/1633 expose avec fierté son trophée,
de même que Nicolas Tournier 1590/1639 et Alessandro Turchi 1578/1649.
Avec Bartolomeo Gennari 1594/1661 nous retrouvons un chapeau à plume qui dénote avec l'accoutrement pastoral et débrayé de ce David de 1620.
Aubin Vouet 1595/1641 frère cadet de Simon, s'émerveillant à Rome devant les œuvres du Caravage, illustre parfaitement cette influence avec ce David tenant la tête de Goliath 1620/25. La plume, extravagante sur un Béret bolonais de velours noir que portaient les artistes peintres après la Renaissance, devient une invitation, un « Suivez-moi monsieur" pour cet éphèbe aux formes rondes et aux seins renflés.
Scène similaire avec cette œuvre anonyme, de la Collection Slovak (National Gallery ) vers 1650 d'un éphèbe réfléchi au regard doux, lui aussi emplumé d’autruche, symbole guerrier, pour le caractère combatif et vigilant de l’oiseau.
Torse nu aussi pour Gian Lorenzo Bernini 1598/1680, qui nous offre un beau profil du jeune berger d'Ephrata dont l'opulente chevelure rousse couvrant son épaule se mêle aux cheveux de Goliath.
Regard direct et franc pour le David de Tanzio da Varaello 1575/1633, tout echevelé de la lutte, empoignant le cheveu noir de Goliath. À sa ceinture, la fronde et le filet des 4 pierres qui lui restent sur les 5 ramassées pour le combat.
Régnier 1588/1667 représente vers 1626/30 un fier adolescent tennant à bout de bras la tête du monstre et la lourde épée sur son épaule.
Cependant qu'Artemisia Gentileschi 1593/1654 exprime toute l'ardeur du combat avec un David se reposant sur le Philistin vaincu.
A son héros, Guido Cagnacci 1601/1663 donne l'accoutrement d'un jeune prince.
David vainqueur qui n'est pas encore roi, pose, dédaigneux de son adversaire. Avec ses savantes boucles rousses et son plumet tenu par une broche perlé, c'est toute la richesse vénitienne exposée par l'artiste qui travail dans la Serenìsima Repùblica Veneta.
À 25ans Giovanni Andrea Sirani 1610/1670 dépeint ce très beau David, nu sous une néride parée de tissu.
Ce qui retient l'attention, c'est la belle tête sereine qui n'a rien du Goliath, guerrier sanguinaire habituellement représentée.
Trois autres propositions de David avec chapeau emplumé. Flamboyant pour Bernardo Strozzi 1581/1644, aux plumes rouges, symboles du courage et de la passion amoureuse.
Réservé pour Guido Cagnacci, 1601/1663.
Soulagé d'en avoir fini pour Benedetto Gennari II,1633/1715
Avec une chevelure léonine, le portrait de Jacob van Oost 1603/1671 reflet du travail de Carracci, affiche une plus grande émotivité dans ses œuvres des années 1650.
Vers la fin du XVIIem, des artistes comme Giovanni Francesco Barbieri,1591/1666, Pietro Dandini, 1646/1712.
ou Johann Michael Rottmayr, 1656/1730,
s'énamoure pour leur modèle de David. Torse découvert, attitude de complaisante satisfaction et regard rayonnant vers dieu.
Un siècle plus tard, Jean-JacquesLagrenée 1739/1821 présente en 1780 David insultant Goliath après l’avoir vaincu.
Le jeune homme dans une nudité voilé, avec un bandeau rouge qui retient ses cheveux emmêlés d'une plume, invective le géant défait, dont on ne voit que les pieds.
Au XIXem la plupart des représentations de David dépeigne un adolescent nu couvert d'une néride, cette peau de cerf ou de félin pour le chasseur qui n'est qu'une peau de chèvre pour le berger. Ils sont debout, fier, conquérant,
1846/ ADOLPHE-HENRI DUBASTY, 1814/1884,
Brandissant la tête d'un Goliath gisant dans la poussière.
1870/ Gabriel Ferrier, 1847/1974
Le poing serré sur sa dérisoire arme, la fronde qui a eu raison du monstre.
1874/ David triomphant de Jules-Elie Delaunay,l'un des plus beaux tableau du mythe.
On doit ce rare tableau de David totalement nu à André Leroux 1911/1997 qui expose au salon de Paris en 1932,
David vainqueur de Goliath, brandissant une énorme tête à bout de bras et tenant un cimeterre ensanglanté.
500 ans de représentation de David séparent l'éphèbe de Donatello de 1430 de cette seule carte postale que nous avons pour le jeune homme d'André Leroux de 1932....
Merci pour votre visite, très prochainement, le Bronze de Donatello sera l'objet d'un article. A suivre...